Revue DORUL no.166 / avril 2004
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La Famille Ghika
 - court historique -
  par Paul Cernovodeanu *
 
 

Essayer de contenir, dans une approche synthétique, l'histoire d'une famille qui a joué un rôle éminent dans la destinée de notre pays constitue une entreprise téméraire et difficilement réalisable.
En effet, de la lignée des Ghika, établie sur terre roumaine depuis le XVIIe siècle, a jailli une brillante série de représentants de l'élite, couvrant une large palette sociale: de Voïvodes, dignitaires, ministres, politiciens, diplomates, militaires et personnalités religieuses jusqu'aux hommes de science et de culture, amoureux des arts et du beau.

La souche des Ghika – à l'origine des albanais – peut être établie avec une certaine approximation comme originaire de Macédoine au sud de Skoplje dans le village nommé Veles au Moyen Age et changé après en Köprülü, le nom du fondateur d'une grande famille de vizirs ottomans et qui les aurait aidé dans leur ascension sociale. Il est vrai que le jeune Gheorghe Ghika, né vers 1598, s'occupant de négoce et conseillé par les Capoukihaÿa (ambassadeurs – n.t.) moldaves de la Porte (La Sublime Porte de Constantinople – n.t.) s'est installé en Moldavie avant octobre 1624, accédant même dans les rangs des dignitaires.
Suite à la protection accordée plus tard par Vasile Lupu (Voïvode de Moldavie 1634-1653 - n.t.) et à son enrichissement par le négoce, il monte les échelons sociaux, étant envoyé Capoukihaÿa à la Porte. Marié à Smada, fille de Stamate Lânã, Stolnic de Brosteni, il a eu deux enfants dont la descendance – par les hommes – s'est éteinte à la première génération sans avoir jamais porté le nom de Ghika.

La perpétuation de la famille revient à Grigore (Grigorascu), le fils ainé de Gheorghe, né d'une liaison avec une catholique de Pera et qui a suivi son père en Moldavie. Et c'est lui qui a élevé la famille des Ghika aux rangs des grands boyards autochtones par son mariage avec Maria Sturdza, la fille de Mateias Sturdza (Vistiernic) et nièce de cousine germaine du Voïvode Gheorghe Stefan. Son père, Gheorghe Ghika (Ghika Ier – n.t.), a été Voïvode de transition se succédant sur les trônes de Moldavie et de Valachie entre 1658-1659 et 1659-1660, au beau milieu des lutes d'endiguement du soulèvement anti-ottoman des trois pays roumains dans la coalition organisée par le Prince Gheorghe Rákóczi II. Gheorghe Ghika, n'étant pas capable de faire face aux charges financières imposées par la Porte, a été destitué et, suite à l'intervention auprès de la Porte de Constantin Cantacuzino (Postelnic), le trône a été attribué à son fils Grigore Ier (Ghika II – n.t.). Mais ni sa période de règne n'a été exempte de troubles dues aux conflits de la Porte avec les Impériaux et surtout aux disputes entre les partis bourgeois. Totalement irréfléchi, Grigore I a causé la mort de Constantin Cantacuzino en s'attirant la haine des boyards. En profitant de la défaite des ottomans à Leva (1664), Grigore se réfugie en Pologne, puis à Vienne en attendant aides et encouragements des Impériaux. Ses espoirs ne se réalisant pas, il rentre à Constantinople et retrouve le trône en 1672. Lors de sa courte 2e règne, l'animosité envers les Cantacuzino se manifeste violement et après la défaite des turcs par les polonais à Hotin en 1673, Grigore se réfugie à Constantinople où l'hostilité de ses adversaires le fait perdre son trône et mourut en 1674.

Ses enfants, dont Matei, le continuateur de la lignée, vécurent uniquement à Constantinople dans le milieu gréco-levantin du quartier du Phanar. Le mariage de Matei avec Ruxandra Mavrocordat, la fille de Alexandru Mavrocordat l'Exaporite, le tout-puissant Drogman de la Sublime Porte, introduit Matei dans le monde phanariote et facilite le chemin de l'ascension politique pour ses descendants.
Son fils Grigore II Ghika (Ghika III – n.t.), initié dans les méandres de la politique orientale par son grade de drogman, obtient le trône de la Moldavie le 26 septembre 1726, en restaurant ainsi la suite des Princes Régnants de la famille. Durant sa première période de règne en Moldavie, Grigore II Ghika fait la preuve de ses aptitudes diplomatiques en aplanant un fâcheux conflit avec les Tatares qui, faute de satisfaire leurs onéreuses revendications financières, menaçaient de ravager le pays. En 1733 s'opère le changement des trônes, Grigore II passe en Valachie à la place de son cousin Constantin Mavrocordat qui passe à son tour en Moldavie. Ses changements continuent et en 1735 on revient à la case départ.
Les remarquables qualités de diplomate de Grigore II Ghika font leurs preuves surtout lors de la guerre austro-russo-turque de 1735-1739 quand le Prince de Moldavie, à la demande de la Porte, a joué le rôle d'intermédiaire et de médiateur entre les turcs et les russes par la correspondance et l'échange d'émissaires avec le feld-maréchal rus Christoph Burhard von Münich, avec le secrétaire du résident anglais à St-Petersbourg, John Bell, avec l'ambassadeur français à Constantinople, le marquis de Villeneuve et avec les grands dignitaires ottomans.
Ultérieurement le Prince entamera aussi des relations avec la Prusse du Roi Friederich II le Grand. Dans la même période Grigore II a reconstruit Curtea Domneascã de Frumoasa de Jassy, détruite dans la guerre par les troupes russes. L'année 1741 apporte une interruption dans son bénéfique règne en Moldavie, due à l'assassinat à Constantinople de son frère, le grand drogman Alexandru suite à une dénonciation mensongère; il revient au trône pour une courte période d'une année 1747-1748. Après, il regagne pour une dernière fois le trône de Valachie jusqu'à son décès le 23 août 1752. Dans cette période il termine sa fondation de St. Pantelimon près de Bucarest où il a construit aussi un hôpital et un autre, St. Visarion, pour les pestiférés. Le Prince a été enterré à St. Pantelimon sous une dalle de toute beauté sur laquelle était gravé l'emblème réuni des deux Principautés. Le monument a été détruit par les communistes en 1985 en même temps que l'église et l'hôpital, pour construire un bâtiment dans des buts touristiques, l'Hôtel Lebãda.

Du mariage de Grigore II Ghika avec Zoe, fille du philosophe grec Mihail Mano de Constantinople, il a eu plusieurs enfants dont ses successeurs au trône Matei Ghika (Ghika IV – n.t.) et Scarlat Ghika (Ghika V – n.t.). Ils se sont succédés, avec interruptions, aux trônes de Bucarest et Jassy de 1752 à 1766 et leurs règnes se sont distingués par instabilité et conflits de tout genre avec les boyards et par une fiscalité élevée.
Après le décès de Scarlat Ghika (2 décembre 1766) enterré à l'Eglise St. Spiridon, sa fondation de Jassy, a été choisi comme Voïvode , et avec l'accord de la Porte, son fils Alexandru I Ghika (Ghika VII – n.t.) qui n'a régné que deux ans, jusqu'en 1768, à la veille de la nouvelle guerre russo-turque, quand il a été écarté étant accusé de sympathie pour les tsaristes.

Il a été succédé par son oncle de cousin germain Grigore III Ghika (Ghika VI – n.t.), le fils du drogman assassiné Alexandru Ghika et de Ecaterina Evpraghioti, déplacé en Moldavie où il avait déjà régné entre 1764-1767. Le règne de Grigore III en Valachie a été court, vu que suite au déclenchement de la guerre russo-turque de 1768-1774, il a été capturé par les russes à Bucarest et emmené à St. Petersbourg où il a été traité avec déférence dans un sorte d'exil "doré" jusqu'à la conclusion de la paix de Kucïuk Kaïnargi (1774). La Russie a insisté alors auprès de la Porte pour qu'il soit nommé Prince de Moldavie. Il a pris le trône dans des conditions ingrates vu que, par des manœuvres frauduleuses et peu honnêtes, l'Empire Habsbourgique a réussi, le 7 mai 1775, à arracher Bucovina à la Moldavie, cédée sans aucun droit par la Porte. Ses véhémentes protestations n'étant pas prises en compte, Grigore III se rapproche encore plus des russes dans l'espoir de recevoir appuis et protection de St. Petersbourg. Mais ses calculs se sont avérés erronés vu que, trahi par la Porte et abandonné par ceux auxquels il a fait confiance, il trouve une fin tragique en étant assassiné sans scrupules par les turcs à Jassy le 12 octobre 1777.

Avec la mort de Grigore III Ghika Vodã la Famille, tombée en disgrâce, fut éloignée des trônes des Principautés durant 45 ans, pour le restant des règnes phanariotes. Dans l'intervalle, ses membres ont rejoint la cause nationale roumaine et ont milité pour la renaissance nationale.
La lignée de Grigore III Ghika s'est éteinte à la troisième génération et le nom de Ghika a été adopté en Moldavie par les descendants de sa sœur Ecaterina et de Dimitrie Gheorgiade Sulgearoglu. Des deux fils de ce couple, Constantin et Gheorghe, descendent plusieurs branches de la famille. Ainsi, de Constantin (1745-1818), Mare Logofãt, marié avec Maria Cantacuzino-Deleanu, descendent Dimitrie, Vistiernic, le fondateur de la branche Ghika-Comãnesti, et Gheorghe - la branche Ghika-Deleni. Du frère du Logofãt Constantin mentionné plus haut, Gheorghe (1739-1801), aussi Logofãt, descendent les autres fondateurs de branches de la famille: de son fils Grigore, Mare Postelnic, desendent les Ghika-Budesti, d'un autre fils, Alexandru († 1830), brigadier dans l'armée russe, la branche Ghika-Brigadier et enfin du dernier fils, le Spãtar Dimitrie, les branches Ghika-Trifesti et Ghika-Kefal.

Revenant aux Ghika de Valachie, il faut rappeler que le frère du Prince Grigore III, le Mare Ban Dimitrie (1718-1803), boyard renommé dans son temps, a été, de son mariage avec Maria Vãcãrescu, le père du Prince Grigore IV, le premier Voïvode "terrien" (dans le sens d'être choisi par ses paires roumains et sans demander l'accord de la Porte – n.t.) de 1822 à 1828 et, de son mariage avec Elena Razu, le père du Prince Alexandru II – le premier Voïvode du régime Réglementaire de 1834 à 1842.et Caïmacam (lieutenant princier – n.t.) de 1856 à 1858 avant l'Union des Principautés.
En tant que premier Voïvode "terrien", après l'éviction du régime phanariote, Grigore IV Ghika (Ghika VIII – n.t.) s'est avéré accessible aux idées de modernisation, en mettant les bases d'un processus accéléré de transformation de la société roumaine. Par tout ce qu'il a accompli, ce Voïvode s'est adapté aux impératifs de son époque. Il a été le bâtisseur, en 1822, du Palais Ghica-Tei, dans une architecture néo-classique italienne d'influence russe, sur les fondements d'un vieux manoir et en proximité, en 1833 et toujours dans le style néo-classique italien, de l'église chapelle de la famille, Doamna Ghica-Tei.

Après une autre guerre russo-turque de 1828-1829 suivie de cinq années d'occupation par l'armée tsariste et l'introduction d'un nouveau système politico-administratif du Règlement Organique, la puissance souveraine de la Porte et protectrice de l'Empire rus ont nommé Voïvode de Valachie Alexandru II Ghika (Ghika IX – n.t.), le chef de la milice urbaine et demi-frère du précédent Voïvode Grigore IV Ghika. Son règne de huit ans a été, sur plan interne, tourmenté par des conflits politiques avec les boyards libéraux et miné par une continue détérioration des relations avec St. Petersbourg qui se mêlait d'une manière grossière et permanente dans les affaires internes de la Principauté Valache. Alexandru II Ghika a fait la preuve d'un Prince attentif à une grande partie des exigences de l'époque, avec de tendances marquées de modernisation administrative et édilitaire-urbanistique, tant nécessaires pour le progrès national, mais la non-compréhension des velléités de démocratie de l'aristocratie patriote libérale et l'aggravation des différends avec la Cour Tsariste ont mené, suite aux injonctions de la Russie, à sa révocation par la Porte le 14/26 octobre 1842. Mais son éviction du trône n'a pas mis fin à son activité politique. Il est réapparu à la tête de la Principauté Valache en tant que Caïmacam de juillet 1856 à octobre 1858, en pleine période des dures lutes politiques pour l'Union qui agitaient la société roumaine. Lors de sa Caïmacamie, se sont déroulé les élections des Divans ad-hoc dans les deux Principautés lesquelles, après l'annulation des élections falsifiées en Moldavie par le Caïmacam rétrograde Nicolae Vogoridi et répétées en donnant vainqueurs les unionistes, expriment les vœux de la majorité des habitants: d'Union de la Moldavie et de la Valachie dans un seul état autonome et neutre, mis sous la garantie collective des sept grandes puissances européennes et avec un Prince Régnant issu des maisons princières européennes. Même en étant honnête et personnellement désintéressé, le Caïmacam Alexandru D. Ghika est resté le prisonnier politique de l'ancien régime et n'a pas pu s'élever à la hauteur des nouveaux idéaux exigés par les impératifs de la société contemporaine à lui. C'est pourquoi, sans être un ennemi déclaré des unionistes, il ne les a pas soutenu non plus, en ayant lui-même des velléités de règne. Après avoir été relevé de sa haute dignité de Caïmacam, l'ancien Prince régnant s'est retiré discrètement de la vie politique en s'établissant en Italie, à Livorno, où il est décédé en 1862. Sa dépouille a été rapatriée, il a eu droit à des funérailles nationales et été enterré dans la Fondation familiale de la monastère Pantélimon dans un beau mausolée détruit par les communistes en juillet 1985 en même temps que la démolition de tous les autres bâtiments de la Fondation et le transfert des ossements du Prince à l'Eglise Ghica-Tei.

Dans la même période s'est trouvé sur le trône de Moldavie le 10e et dernier Prince Ghika de la famille: Grigore V Ghyka (Ghika X – n.t.), fils de Alexandru (Alecu) Ghika, Mare Logofãt, et de Elena Sturdza, nommé Voïvode en 1849 suite à la répression de la révolution de 1848 dans les pays roumaines et à la convention de Balta-Liman de 1849. Entré sur la voie des modernisations, Grigore V Ghyka Vodã ne disposait pourtant pas de la fermeté des principes démocrate-libérales mais possédait les disponibilités intellectuelles pour le progrès interne et pour l'émancipation politique externe du poids du protectorat exclusif russe. Adepte de l'absolutisme éclairé, il prônait entente et appui pour les libéraux modérés tout en œuvrant pour l'Union des Principautés qu'il a soutenue jusqu'aux derniers instants de sa vie. A la fin de son mandat il s'est retiré en France. Nature extrêmement sensible, honnête et désintéressé, le Prince, si bien intentionné dans ses mesures de suppression de la censure et l'émancipation des tziganes ainsi que pour son attitude favorable à l'Union, s'est vu soumis dans son exil à des infâmes calomnies et dénigrements de la part de ses adversaires politiques. Etant incapable de supporter l'opprobre public, Grigore V Ghyka Vodã s'est suicidé le 24 août 1857 avec un fusil de chasse. Avec toutes ses déficiences, les Principautés roumaines n'ont jamais connu un règne si éclairé et si dévoué au progrès national que celui de Grigore V Ghyka Vodã.

Comme nous l'avons déjà dit, la famille Ghika a donné à la Roumanie, mis à part les 10 Princes Régnants, un grand nombre de personnalités de la vie politique, diplomatique, scientifique et culturelle du Pays. Sous le régime phanariote se sont détaché des esprits doués dont Alexandru Ghika, le Drogman tué par les turcs en 1741, Dumitrache Ghica (1718-1803), le Mare Ban, père de Grigore IV Ghika Vodã et de Alexandru II Ghika Vodã ou Mihalache Ghica (1794-1850), Mare Vornic, archéologue et collectionneur reconnu, fondateur du Musée National d'antiquités. De son mariage avec Ecaterina Faka est née Elena (1828-1888), épouse du knéaz rus Alexander Koltzov-Massalski, écrivaine appréciée sous le pseudonyme Dora d'Istria et chercheuse du passé de sa famille, établie en Suisse et en Italie, avec une mémorable ascension du Mont Mönch des Alpes Suisses en 1855 (11 juin 1855 – 4104 m. - première ascension réalisée par une femme – n.t.).
Dans l'époque moderne on peut encore mentionner dans la branche Valache de la famille le très connu Ion Ghica (1816-1897) participant à la révolution de 1848, plusieurs fois premier ministre sous Al. I. Cuza et Carol 1er, représentant diplomatique de Roumanie à Londres, écrivain apprécié, publiciste et économiste, cinq fois élu président de la Société Académique puis de l'Académie Roumaine, pour ne plus rappeler gouverneur puis Prince de Samos nommé par la Porte (1854-1858).
Puis il y a Dimitrie Ghica (1816-1897), fils de Grigore IV Prince de Valachie et de Maria Handjery, plus connu comme "Beïzadea Miticã", conservateur modéré, ministre des travaux publics, des affaires étrangères, de l'intérieur, de la justice et premier ministre (1868-1880), sous Carol 1er s'est inscrit au Parti National Libéral (1881) et s'est fait remarqué en qualité d'éphore de l'Ephorie des Hôpitaux Civils (1868-1889, 1896-1897) tout en œuvrant pour la reconstruction de l'asile "Elena Doamna" et la construction des Bains de l'Ephorie.

Un autre "beïzadea" (fils du Prince Régnant – n.t.), Ioan Grigore Ghika (1830-1881), fils de Grigore V de Moldavie et de Elena Sturdza, officier supérieur, colonel puis général de division, aide-de-camp de Al. I. Cuza, plusieurs fois ministre de guerre entre 1860-1866; entré en diplomatie, a été agent résident à Constantinople 1872-1877 puis de1878 jusqu'à son décès en 1881, ministre plénipotentiaire à St. Petersbourg. On peut aussi mentionner Dimitrie Ghika (1875-1967) fils du précédent, politicien et diplomate de la génération suivante, membre de la Délégation de la Roumanie à la Conférence de Paris (1919), ministre à Paris et Rome (1922-1928), ministre des affaires étrangères (1931-1932), de nouveau nommé à Rome, Bruxelles et Luxembourg (1932-1937) et sénateur (1939). Son frère a été Vladimir Ghika, le très connu prêtre catholique (1923) et protonotaire apostolique (1931), sensible homme de lettres et philanthrope, mort dans les geôles communistes en tant que martyr de sa foi.

Parmi les Ghika Valaches il faut mentionner le mathématicien Alexandru Ghika (1902-1964), descendant de Grigore IV, membre de l'Académie Roumaine (1963).
En Moldavie on remarque dans la branche Ghika-Comãnesti: Dimitrie, juriste et explorateur qui a obtenu sa renommée lors de l'expédition organisée en 1895-1896 avec son fils Nicolae (1875-1921) au "corne oriental" de l'Afrique, région qui couvre aujourd'hui la Somalie et le sud-est de l'Ethiopie, avec d'importants résultats scientifiques. Le père à écrit ses mémoires d'expédition dans l'ouvrage "Une expédition roumaine en Afrique" (1897) et le fils dans "Cinq mois au pays des Somalies" (1897). Nicolae a revisité l'Afrique en 1899 en explorant les Monts Atlas au Maroc et en 1910-1911 a traversé deux fois l'Atlantique pour parcourir l'Ouest des Etats Unis, le Canada et Alaska dans des buts d'exploration et de chasse. Ultérieurement il est entré en politique comme membre du parti conservateur de Alexandru Marghiloman dans le cabinet duquel a été ministre des travaux publics en 1918.
Son oncle, Eugen Ghika-Comãnesti, a été volontaire dans l'armée nordiste lors de la guerre de sécession des Etats Unis entre 1861-1863, étant blessé de guerre et promu au grade de capitaine. En 1875, ses tentatives de s'inscrire dans l'armée roumaine n'étant pas couronnées de succès, il entre dans le Parlement en tant que représentant du district de Bacãu. Par son mariage avec Ioana Ecaterina Keshko il devient le beau-frère de Milan Obrenovici, le roi de Serbie.
Enfin, dans la branche Ghika-Budesti on peut citer Eugen (1843-1919), amateur des arts et lui-même peintre ainsi que son fils, né de son mariage avec Elena Cantacuzino, l'architecte Nicolae Ghika-Budesti (1869-1943), talentueux historien d'art, professeur à l'Ecole Nationale Supérieure des Beaux-arts et membre d'honneur de l'Académie Roumaine (1937), auteur apprécié de l'ouvrage de référence dans le domaine "l'Evolution de l'architecture religieuse de Valachie et Olténie" (4 vol., 1927-1935). Son fils Stefan (1904-1959), né du mariage avec Madeleine Landrieu, a été un talentueux géologue, membre d'honneur de l'Académie Roumaine (1955).

Nous avons donc réalisé une vue panoramique – et à fortiori de surface – sur l'histoire de plus de quatre siècles d'une famille qui a évidemment joué un rôle majeur dans la destinée de notre pays, tant dans sa vie en tant qu'état que dans celle politique, scientifique et culturelle, laps de temps lors duquel elle s'est apparentée avec les plus illustres familles bourgeoises autochtones: Bals, Bãlãceanu, Cantacuzino, Costache, Bãleanu, Cretzulescu, Donici, Grãdisteanu, Greceanu, Filipescu, Florescu, Miclescu, Olãnescu, Russo, Sturdza, Stirbei, Vãcãrescu et beaucoup d'autres, ou appartenant aux phanariotes Caradja, Handjery, Mavrocordat, Moruzi, Sutzu, ainsi que les alliances avec des familles de toute l'Europe: les comtes polonais Rzyszczewo, les comtes italiens Ruspoli, les marquis français de l'Aubespine-Sully, les vicomtes anglais de Bollingbroke, les kneaz russes Trubetzkoï et Kolzof-Massalski.

De par son passé, la Famille Ghika condense, d'une certaine manière, l'histoire du pays; c'est pourquoi il faut la considérer avec respect et entière déférence.

 
 
 
Revue DORUL no.166 / avril 2004
Texte original en roumain;
Traduction © Florian Budu
janvier 2006

 * Paul Cernovodeanu
1927-2006 – Historien, généalogiste,
Membre d'Honneur de l'Académie Roumaine

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